Stéphanie Gherissi, fondatrice de SG Design
Manager par le design : quand le réaménagement des espaces de travail impulse le changement en entreprise
Conduire le changement des organisations de travail en repensant les espaces dédiés. C’est le sujet de l’agence SG Design, spécialisée dans la conception, la réhabilitation et le développement du patrimoine immobilier tertiaire.
Lancée en 2005 par Stéphanie Guerissi, formée aux Beaux-Arts puis en « archi », SG Design se revendique à l’origine d’une approche sociologique et philosophique de « Design d’Espace Expérientiel ». Objectif : identifier un ensemble de solutions destiné à impulser et conduire le changement des organisations du travail. Le tout incarné de façon très concrète par la maîtrise d’œuvre.
SG Design, basée à Tours, vient par exemple de réaménager le centre hospitalier de Blois, notamment un nouveau campus dédié à la formation des futurs soignants. L’enjeu, dans cette réalisation était de concilier un espace de formation correspondant aux impératifs des protocoles sanitaires tout en répondant aux enjeux de demain dans le travail, soit la flexibilité et le mieux-être.
« Le bureau du futur est basé sur la relation humaine »
Une démarche qui implique selon Stéphanie Gherissi, d’engager durablement les collaborateurs, pour que les nouveaux modes de travail générés par le design d’espace soient pleinement acceptés et intégrés par tous. Et de prendre en compte «l’espace-temps » la séquence consacrée au travail dans sa globalité, en incluant notamment les trajets, qui, eux aussi vont influer sur la journée de travail.
« Je commence toujours par un audit global des salariés et travaille étroitement avec le directeur de l’innovation, le dirigeant ou le responsable des ressources humaines, selon la taille et l’organisation de mon client. L’objectif étant de permettre, par un projet structurant pour l’entreprise, de réorganiser l’espace et de faire naître ou souligner une culture d’entreprise », explique l’architecte. Elle veille à intégrer le processus de réflexion sur les comportements face aux changements des organisations et entreprises « accompagnées », l’essence du « Smart Working ».
« Dans le cadre du centre hospitalier de Blois, poursuit Stéphanie Gherissi, j’ai ainsi audité les apprenants avant de structurer le projet. L’un des points prioritaires, qui s’est dégagé de ces réunions, a été l’importance de l’inter-communication. Soit dans un milieu professionnel aussi hiérarchisé que celui de la santé, l’importance de créer des passerelles entre des métiers cloisonnés, qui ne se parlent pas habituellement : les équipes techniques, administratives, les soignants.
Dans un esprit similaire, les amphis traditionnels ont été banni, au profit de salles modulables, pour faciliter la constitution de groupes de travail. Le CHU de Blois, comme beaucoup de bâtiments du parc hospitalier français, date des années 70. Tours, organisations verticales, alors qu’aujourd’hui la relation au travail et aux collègues a beaucoup changé. La crise sanitaire et l’avènement du « distanciel » a encore accéléré les enjeux de communication entre les différents services », décode Stéphanie Gherissi.
Autre exemple, celui d’une réalisation sur un site nucléaire EDF. « Sur ces sujets-là , il s’agit notamment de comprendre comment accueillir les prestataires extérieurs nombreux sur site et hors site, au pourtour » , fait observer la directrice de l’agence.
Le point nodal d’une entreprise reste bien souvent le hall d’entrée, conçu via différents espaces pour favoriser convivialité : mini-espaces de travail, de repos ou de coworking, rythmés par du mobilier adéquat. Le mobilier est un point clé, car il conditionne en partie la posture, encore un élément structurant de la relation au travail. L’air du temps prône l’hybridation, le nomadisme, la flexibilité… pour une cogitation intellectuelle stimulée…
Dans cette droite ligne, les sièges proposées seront variés, de la chaise classique au pouf, pour des postures corporelles favorisant la mobilité l’agilité créative.
« Tous les métiers sont touchés par l’intégration, la révolution numérique, cette notion de digitalisation des modes de travail, conduisant à davantage de souplesse et de flexibilité qu’auparavant. Il s’agit de ne plus penser l’espace comme un lieu immuable », commente Stéphanie Gherissi.
Celle-ci retourne toujours, trois ou quatre ans après la livraison, sur ses réalisations. Constater leur évolution, vérifier la pérennité du projet, si le propos d’origine est toujours le « bon », en tous cas d’actualité. « Le temps d’un projet est de plus en plus court, la remise en question de plus en plus rapide. Les cycles s’accélèrent. Il y a un effet mondialisation, nous sommes davantage au prise avec les influenceurs extérieurs, les modes de travail changent, les comportements aussi, tout va plus en plus vite », conclut la spécialiste.
SG Design: contact@sg-design-architecture.fr